Théophile Tremblay

Au cours de sa féconde carrière, M. Tremblay a toujours été animé du plus authentique esprit de service. Il a été échevin de Jonquière durant une dizaine d'années. Il a été organisateur de syndicats ouvriers. Il a également pris une part active à la vie et au progrès de diverses associations paroissiales, notamment du Cercle Lacordaire dont il fut le secrétaire pendant plus de 20 ans.

Mais c'est surtout son apport au mouvement coopératif qu'il convient de souligner ici. M. Tremblay fut l’un des pionniers de la Coopérative de consommation « La Glaneuse » de Jonquière, dont la renommée s’étendait à la grandeur de la province et même au-delà des frontières.

Cette coopérative débuta fort modestement sous la forme d'un club d'achat mis sur pied par un groupe de membres du Syndicat de la pulpe et du papier de Price Brothers. Un marchand indépendant s’était engagé à accorder un escompte sur les achats faits à son magasin par les membres de ce club. Mais cette formule ne donna pas satisfaction et au mois d’août 1938, après deux ans d’études suivies, les associés au nombre de 17 et dont faisait partie M. Tremblay fondaient « La Glaneuse ».

Cette institution joua un rôle de premier plan dans la vie économique et sociale de ce centre typiquement ouvrier qu’était Jonquière. « La Glaneuse » fut peut-être, et c'est là son plus beau titre de gloire, l’une des coopératives de consommation de la province où se sont développées davantage conjointement et solidairement, ainsi que dans la plus parfaite harmonie, les deux éléments caractéristiques de toute institution coopérative : l'entreprise économique et l'association des personnes.

On s'accorde à reconnaître qu'une très large part de ses progrès constants, et cela en dépit d'une rude concurrence, tient au fait que l'éducation et la formation des sociétaires y ont toujours été l'objet d'une préoccupation fervente. Dans ce domaine de l'éducation, « La Glaneuse » a multiplié les initiatives heureuses et efficaces, dont la moindre n’est certainement pas la formation d’équipes d'études chez les dames.

M. Théophile Tremblay a toujours été l'un des plus enthousiastes tenants de ce travail d'éducation. Venu lui-même à la coopération par l’étude méthodique et suivie de cette formule de rénovation économique et sociale, coopérateur dans la force de l'âme, il était convaincu que le progrès du mouvement coopératif serait plus solide et plus durable s'il s'appuyait sur les convictions développées chez les membres plutôt que sur de simples appels à l'intérêt immédiat et passager.

Une autre caractéristique de M. Tremblay était sa sincérité, sa droiture, son honnêteté à toute épreuve, qualités qui se joignaient à un réel désintéressement. M. Tremblay n'a jamais cessé de travailler à répandre le mouvement coopératif dans sa région.

Administrateur de « La Glaneuse » pendant douze ans, président de cette même coopérative pendant plus de six ans, il siégea au conseil d’administration de la Fédération des Magasins Coop, avant de se retirer pour raison de santé. Partout, il a été un homme de bon conseil, dont la prudence n'avait d'égale que la sincérité.