Joseph Joncas

Il est né à Pointe-Jaune, Gaspé-Nord, le 23 janvier 1891. À l'école du village, il poursuivit des études jusqu'en 5e année seulement, mais il garda toute sa vie le goût du travail intellectuel; cela l’aida à faire un succès de la pêche, métier qu'il exerça pendant 64 ans.

M. Joncas était vraiment le type du pêcheur côtier, celui qui sait allier le travail en mer à la culture de la terre et à une exploitation forestière modérée; car il n’alla qu'un hiver dans les chantiers éloignés. Pour lui comme pour toute génération qui mériterait d'être chantée par d'authentiques poètes, pêcher c'était d'abord construire soi-même sa barque et parfois celle des amis; c'était profiter de chaque bonne journée pour rester en mer patientant jusqu'à ce que ça morde, s'entêtant avec la capricieuse morue qui vagabondait sur les fonds. Commençant la pêche tôt au printemps et la poursuivant jusqu'après les gelées, il consacrait à la terre les jours de gros vent et de mauvaise température. Pourtant, il se bâtit un bien dont toute famille pourrait être fier. Ce domaine familial, c'était sa raison de vivre : un jour, le feu se propagea dans les bois avoisinants et menaça de tout détruire; avec les voisins, il lutta héroïquement et on finit par sauver le village. En mai 1962, il subit une grave intervention chirurgicale; un mois plus tard il était retourné au large.

Le 4 mars 1919, il épousa Alma Pelletier. Ils eurent 14 enfants.

Tour à tour conseiller municipal, commissaire d'école, membre du Bureau de Santé, président du syndicat forestier, il répondait sans hésiter à l'appel de ses concitoyens. Mais il restait par-dessus tout le pionnier gaspésien, l'homme de talent et de prévoyance, sachant avec son épouse équilibrer le budget familial de façon à ce que chaque membre de la famille fasse un succès de sa vie. En un mot, une de ces existences modestes mais si dignes, débordantes de fierté et de désintéressement, modèle qui inspirera ceux qui veulent encore bâtir un peuple.